Docteur Gab’s
Notre ambassadeur, pour cette deuxième quinzaine du mois d’octobre, n’est autre que le fabuleux Docteur Gab’s. Reto Engler nous a reçu au cabinet du docteur, à la Claie-aux-Moines à Savigny, et étanche notre soif d’informations en répondant à nos questions !
Qui se cache derrière Docteur Gab’s ?
Nous sommes trois amis d’enfance qui avons grandi à l’ouest de Lausanne: Gabriel Hasler, David Paraskevopoulos et moi-même, Reto Engler. Pour ses 16 ans, Gabriel a reçu de sa sœur un kit pour brasser de la bière. C’est comme ça que nous avons commencé à brasser ensemble, dans des cuves de 20 litres, dans la cuisine de Gabriel. Petit clin d’œil, 16 ans, c’est l’âge légal pour boire de la bière.
Est-ce que le clin d’œil du Docteur sur le logo fait référence à cet âge égal ?
Même pas, mais on pourrait le mettre dans l’histoire, ça marcherait bien !
Donc vous avez commencé en 2001…
Oui, l’idée c’était de faire de la bonne bière soi-même au lieu d’acheter de la bière industrielle. A l’époque, on trouvait très peu de bières spéciales, et encore moins de bières locales. Tout est parti de ce cadeau. C’était pas planifié de notre part. On trouvait juste sympa de faire une activité ensemble. Certains faisaient du foot, nous on faisait de la bière. Pour dire, au début j’aimais pas ça (rires). J’ai appris à l’apprécier et je suis devenu grand fan de bière petit à petit. J’adore découvrir, goûter des bières que je ne connais pas.
D’où vient le nom Docteur Gab’s et le smiley comme logo ?
Gab’s, c’est le surnom de Gabriel. Et le docteur, c’est pour le côté savant fou, expérimental.
Ce n’est donc pas pour l’aspect thérapeutique de la bière ?
Alors justement, c’est ce mélange de choses. Nouveau clin d’œil, Gabriel est le seul de sa famille à ne pas avoir de doctorat. Mais en fait, à 16 ans, c’était fait, il avait déjà son doctorat en bière. Le petit clin d’œil est venu avec l’évolution du logo. Au début, c’était une sorte de petit gnome trouvé sur internet avec une étiquette vite fait au Word Art, mais l’idée c’était d’avoir quand même un visuel en plus de la bière (NDLR : c’est le père de Reto qui a dessiné les différents logos de l’entreprise). Petit à petit, c’est devenu un vrai logo. On a d’abord fait les premières étiquettes où figure un docteur avec son infirmière. Et après le docteur a pris son clin d’œil. Sans raison particulière, si ce n’est pour l’aspect décalé du docteur qui interpelle. C’est du deuxième degré, un docteur qui ne se prend pas au sérieux.
Crédit photo: Docteur Gab’s et Justine Desbrières
Comment se sont passés les débuts ? Avez-vous eu des anges gardiens ?
Au tout début, on vendait nos bières à un réseau d’amis ou de gens qu’on connaissait. Petit à petit, on a commencé à avoir des revendeurs. En 2004, un de nos premiers clients était le bar des Boucaniers, qui a rouvert depuis. L’ancien était là où il y a le Pi Bar maintenant. C’est eux qui nous ont trouvés, ils sont tombés sur nos produits, je sais même plus comment. Sinon, le Grain d’Orge a été un des premiers de nos revendeurs. Et il y avait aussi la Bossette, une chouette adresse.
À l’époque, on avait une sorte de brasserie clandestine dans un chalet à Épalinges. On étudiait à côté. Les trois, on a fait des formations assez complémentaires :
- Gabriel a fait HEC à Lausanne et St Gall. Du coup, il a pris le rôle du management de la brasserie.
- David a fait employé de commerce et l’école hôtelière. Il s’occupe de la clientèle, des ventes.
- Moi j’ai fait l’EPFL en science de l’environnement. Je m’occupe de la production et aussi de la communication.
On n’a pas de formation particulière dans la bière. On a fait des stages dans des brasseries et suivi des formations courtes dans un institut spécialisé à Bruxelles, mais c’est essentiellement de la pratique et on a appris sur le tas.
L’aventure à temps plein a commencé en 2010. On s’est dit qu’on se donnait une année ou deux pour développer notre truc à fond. Pour nous c’était sympa d’avoir nos premiers clients vraiment professionnels, avec qui on travaillait via des intermédiaires, et qui nécessitaient d’être plus pro. Après, ça c’est fait petit à petit, On a produit un maximum dans nos cuves de 350 Litres, (NDLR : en 2015, Docteur Gab’s a produit 400 000 litres de bière). Et vu que tout se passait bien, que la bière plaisait, qu’on avait de bons retours de nos clients, on a décidé d’aller de l’avant et de monter cette brasserie ici à la Claie-aux-Moines, en 2012.
Comment travaillez-vous sur votre gamme de bières ? Et d’où vous vient l’inspiration pour les noms ?
Les noms c’était vraiment l’inspiration du moment, il n’y avait pas une grande réflexion marketing dérrière. La Houleuse, c’était notre délire du moment de tout trouver houleux. Et aussi pour l’idée de ce côté trouble de la houle qui vient soulever le sable. On essaye à chaque fois de créer un univers, un esprit autour de la bière.
Pour la Tempête, c’est une bière forte. Et lors du premier brassage, y avait une ébullition intense, alors on s’est dit que c’était une vraie tempête. On a trouvé le nom comme ça.
Tout le monde pose cette question pour la Chameau parce qu’elle sort du lot au niveau du nom. À vrai dire, on ne sait plus vraiment quelle était la vraie version (rires). Ça contribue aussi à son mythe.
La plupart des bières qu’on fait aujourd’hui, on les faisait déjà y a 15 ans en arrière, mais on les retouche chaque année. On essaie d’être toujours critiques et de les faire évoluer dans ce qu’on pense être le bon sens. Il y en a certaines qu’on a abandonnées en cours de route et d’autres qu’on a ajoutées, comme la Ipanema qui est sortie en octobre 2015.
Quelles sont tes bières préférées ou celles qui t’inspirent dans tes créations ?
Il y a 15 ans, ce qu’on trouvait ici c’était plutôt des bières d’importation belge. Depuis une dizaine d’années, des bières anglo-saxonnes arrivent sur le marché. Dans les bières belges, c’est plutôt la levure qui est mise en avant, alors que chez les anglaises ou les américaines, c’est plutôt le côté houblonné. Nos dernières créations, la Ipanema et la Pépite, sont plus d’inspiration anglo-saxonnes.
Dans mes bières préférées, je citerai la Orval. Elle est vraiment extraordinaire, très complexe. Les brasseurs qui la font sont précurseurs dans le houblonnage à cru, ou dans l’utilisation de bactéries en plus des levures. Un travail étonnant pour une bière aussi vieille, qui fait qu’elle évolue dans le temps.
Après, pour des bières qui m’ont plus inspiré sur les dernières années : la Pale Ale de Sierra Nevada. À la fois très légère et super bien équilibrée. C’est un symbole aux États-Unis. Elle fait partie de ces pionniers des brasseries américaines qui ont fait renaître ce mouvement y a 20 ou 25 ans. On en trouve partout aux États-Unis. C’est une des premières bières à jouer sur les houblons américains, notamment le houblon Cascade, qui nous a donné le nom de notre bière d’été car on utilise le même, très parfumé, un peu fruits exotiques.
Quels sont les endroits où vous aimez sortir, boire un verre ?
Y a l’embarras du choix. Mais je vais citer les nouveau Boucaniers, parce qu’on les a ou ils nous ont suivi depuis le début. On a développé une relation particulière avec eux. On était tout contents de voir qu’ils avaient rouvert un truc à Lausanne. Sinon, j’aime beaucoup le restaurant du Simplon sous gare, très sympa même pour juste boire un verre et qui fait super bien à manger pour pas cher, avec un gérant extraordinaire, très drôle. Et dans le style café, j’aime bien la Couronne d’Or, qui est plus bobo, familial, qui donne envie de se calfeutrer là bas, commencer par un café et d’enchaîner sur quelques bières.
Un grand merci à toi, Reto, d’avoir répondu à toutes nos questions. Santé Chouquette !
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