Rêver avec Lubaina Himid au MCBA

Dans les salles du Musée cantonal des Beaux-Arts, Gustave Buchet a cédé sa place début novembre à Lubaina Himid jusqu’au 5 février 2023. On te voit venir: « c’est qui Lubaina Himid? » Résumé en deux mots, ou presque!

Lubaina Himid, mais c’est qui ?

Formée en tant que scénographe de théâtre, cette britannique est aujourd’hui active en tant qu’artiste, et ce depuis plus de 40 ans (elle en a 68). Par ailleurs commissaire d’expositions, elle a notamment contribué à mettre en valeur la diaspora africaine. Son parcours lui a ainsi valu le Turner Prize en 2017, l‘une des reconnaissances les plus importantes dans le monde de l’art. Elle est la première femme noire lauréate de ce prix…

Le cadre (ni en moulures, ni doré) est posé, c’est parti pour la visite de « So Many Dreams ».

L’occasion unique de découvrir l’étendue et la richesse de son travail

Des drapeaux colorés, interpellant, t’accueillent avant même de franchir la porte de la première salle. Des casques audio t’attendent sur un banc. Ça donne le ton! Couleurs vives, motifs, textile, discours, son: ils seront bien présents tout au long de cette exposition. Tout comme l’architecture, l’installation, la poésie. On aurait presque envie de dire la méditation et la contemplation aussi.

Les thématiques? Elles varient parmi l’étendue des œuvres de Lubaina Himid qui dialoguent entre elles. Question de lieux dans la première salle, d’océan et de déracinement dans la deuxième, de couleur bleue dans la troisième.

P.S.: A gauche de la dernière salle, l’espace est dédié aux ateliers de création (car oui, si tu ne le savais pas, le MCBA propose de nombreux ateliers, non seulement pour enfants, mais aussi pour adultes).

P.S.2: Tu as sûrement l’habitude de prendre les escaliers pour continuer la visite, mais sache que dans l’ascenseur, une surprise sonore en lien avec les politiques d’asile est proposée par l’association Reliefs. Se muscler ou se cultiver, quel sera ton choix!?

Ça dénonce!

Revenons à l’exposition de Lubaina Himid. Au 2ème étage, le bruit des vagues te berce. Enivrant. Pas de sensation de vacances pour autant, il est ici question d’achat de denrées et d’esclaves. Quant aux premières toiles que tu découvres en entrant, elles réinventent des peintures d’histoire, entre expansion coloniale et commerce triangulaire.

Au centre, l’installation A Fashionable Marriage pastiche elle aussi une peinture, dénonçant le racisme, le sexisme, la vulgarité du monde de l’art britannique et du contexte politique des années 80. On te suggère te rester assez longtemps pour profiter de la bande-son qui se lance toutes les 15-20 minutes. Quand on te disait que Lubaina Himid vient du théâtre, on le ressent particulièrement bien au fur et à mesure qu’on avance dans cet espace-là.

La visite se termine avec une série d’œuvres récentes liées à ses histoires personnelles et la grande histoire.

Les scènes ne sont pas réelles, mais l’atmosphère est ma réalité.

Lubaina Himid

Tout au long de cette déambulation sur deux étages, on observe, on écoute, on s’approche. Mais ne t’arrête pas aux concepts d’installations, aux détails, aux couleurs vives, aux sons hypnotisants. Comme tu as pu le remarquer dans cet article, derrière tout ça, Lubaina Himid soulève de nombreuses questions et « nous offre des condensés d’histoire revisités au prisme de l’imagination », lit-on dans la brochure. Brochure qui mérite d’être feuilletée pour comprendre tous les tenants et les aboutissants.

Qu’on adhère ou non à cette exposition (j’ai personnellement été embarquée, mais au final, chacun ses goûts!), on ne peut que se réjouir de cette première collaboration du musée lausannois avec la Tate Modern de Londres qui n’est, selon nos sources, sûrement pas la dernière! Whenever you want, MCBA!