L’écoline, une garderie et une école unique en Suisse
Chaque enfant est unique alors plutôt que de faire rentrer des ronds dans des carrés, pourquoi ne pas libérer son plein potentiel en le laissant lui-même choisir là où il souhaite se développer ? C’est l’approche de Reggio Emilia qui a été reprise par Marion Julia pour la première fois en Suisse à travers son lieu de garderie et d’apprentissage dès 2 ans à St-Sulpice sous le doux nom de L’écoline.
Un rêve et les étoiles s’alignent
Marion Julia est d’origine française avec un doctorat de géopolitique. Elle a travaillé à l’ONU et dans différentes ONG. Elle a un premier garçon, Antonin, puis Louis trois ans plus tard. Peu de temps après avoir accouché, elle perd son poste qu’elle adorait faute de financement pour son projet. D’abord déprimée par la situation, elle rebondit vite en se posant LA question existentielle : « Qu’est-ce que j’ai envie de faire maintenant ? ».
Elle se dit d’abord que (forcément) elle veut un job qui a du sens pour elle… Très vite, elle se tourne vers la voix de l’éducation. En tant que maman et habituée au cursus scolaire français, Marion se posait beaucoup de questions sur l’organisation familiale… L’école allait arriver pour son premier fils et elle savait que ça n’allait être que les matins. Il y a le parascolaire oui, mais encore faut il avoir une place ! Elle se posa alors pour imaginer l’école de rêve pour les enfants, mais aussi pour les parents.
Une amie à elle rêvait justement de créer une école. Elles ont d’abord entrepris ce projet à deux, puis elle fait seule son petit bout de chemin. Comme tout ce qui doit fonctionner, les étoiles se sont alignées et Marion a pu monter le projet très rapidement puisque tout a pris place en une petite année. L’écoline fait donc sa première rentrée scolaire en août 2012 avec 12 enfants dont Marion remerciera toujours les parents pour leur confiance, car le lieu n’a été visitable que 2 jours avant l’ouverture !
La traversée de la manche
Marion connaissait Montessori, Steiner et plusieurs autres méthodes éducatives… Toutes avaient plein de bonnes pratiques. Au départ, elle pense s’inspirer de chacune d’entre elles afin de créer LA solution parfaite. Mais c’est trop complexe à mettre en place. Après beaucoup de recherches, elle trouve sur Internet l’approche Reggio Emilia qui cochait finalement toutes les cases qu’elles avaient en tête. Seulement voilà, il y a 10 ans, il n’y avait pas d’école de Reggio Emilia francophone, pas de personnel formé… C’est alors que la chance ou plutôt le destin lui sourit. Marion trouve un réseau de professionnels spécialisé dans cette approche en Angleterre et lance un appel. Clare à l’autre bout de la manche et du mail est conquise par le projet et décide de tout quitter pour venir vivre en Suisse et mettre en place l’approche Reggio Emilia à L’écoline !
D’autres personnes ont ensuite suivi dont Elizabeth qui est maintenant directrice pédagogique de l’écoline, américaine d’origine.
10 ans après le lancement, L’écoline accueille environ 80 enfants. De 2 à 4 ans pour la partie garderie. Puis, pour l’école en 1P et 2P. Le tout en français/anglais. Ils offrent maintenant aussi du parascolaire dans autre bâtiment uniquement avec l’école de St-Sulpice.
L’approche Reggio Emilia pour fondement
Reggio Emilia est le nom d’une ville au nord de l’Italie. Une révolution née dans les années 50 alors que les enfants sont gardés par les mères, grand-mères ou encore par les nourrices. Dans cette approche, on pense profondément que chaque enfant est singulier et qu’on ne peut pas trouver de méthode unique applicable à tous. C’est à l’éducateur qui doit se remettre en question. Celui-ci va changer son approche éducative face à chaque enfant. Répondre au besoin de chacun en ayant une « haute vision de l’enfant ». Puisque tous les enfants apprennent naturellement dès leurs premières secondes de vie, ils sont naturellement curieux. L’éducateur va s’appuyer sur un autre professionnel afin qu’il ne soit pas sous l’œil que d’un seul adulte. Ce qui aide à avoir un regard plus riche sur l’enfant et permet de travailler en équipe.
L’enseignant s’appuie aussi beaucoup sur l’environnement. Qui est en quelque sorte le troisième éducateur. Puisque l’enfant doit être le plus autonome possible au sein de celui-ci. On peut ainsi voir vers quoi le bambin se dirige. Il n’y a pas de matériel spécifique comme chez Montessori, mais il va quand même y avoir une similitude, car tout reste à sa portée. Le lieu doit être beau et on doit s’y sentir bien.
On parle de matériel « Open ended » qui offre de multiples possibilités comme des éléments de la nature, des éléments recyclés par lesquels les enfants vont pouvoir utiliser leur créativité. Ce aussi dans un souci de durabilité très important pour Marion. On va aussi favoriser l’usage de la lumière, des miroirs afin de donner des perspectives différentes aux objets.
L’équipe prend beaucoup de photos, de vidéos et notent passablement de choses sur l’enfant ce qui permet de partager avec les parents, de valoriser ce que font les bouts de choux, de mieux les comprendre et aussi de réaliser l’évolution faite.
La nature comme seule règle
A L’écoline, il n’y a jamais de programme défini à l’avance, là-bas on va tisser le programme avec les enfants en les observant et les écoutant, les éducateurs vont identifier ce qui les intéressent, les questionnent… afin de partir de leurs intérêts pour explorer ça à travers des activités variées. Et la direction donnée n’est jamais celle qu’on attend. Des projets peuvent durer seulement une après-midi ou des mois selon leurs envies. Les enfants ne sont jamais obligés de participer à un projet ce qui est très différent de l’école publique. La lecture, les mathématiques ne sont pas dans des moments « exprès », mais vont être intégrés à un sujet comme les dinosaures ou le Titanic. C’est plus ludique pour eux de compter les pattes du dinau 😉 et de faire des expériences de ce qui coule ou flotte.
Aller nourrir l’esprit créatif de l’enfant en travaillant beaucoup sur l’environnement. C’est pourquoi L’écoline collabore avec de nombreux artistes dans l’art visuel, la danse, la céramique… Toutes et tous amènent une autre perspective en apportant leurs regards artistiques.
Dès l’origine, Marion voulait mettre en avant l’aspect nature, c’est pourquoi L’écoline est tout près de la forêt et du bord du lac. Les enfants sortent tous les jours et par tous les temps dans la nature, c’est l’un des rares règles de l’établissement. Beaucoup d’activités et de projets sont organisés autour de la nature. L’école est d’ailleurs labellisée éco-schools (programme de sensibilisation à l’environnement), ainsi que certifiée B-Corp.
L’Écoline a le statut d’école privée, mais propose un nouveau modèle à but non lucratif. Ainsi les bénéfices sont reversés aux familles. 40% des familles inscrites bénéficient d’un soutien financier qui va de 10% à 70% de l’annuité pour les enfants. Fantastique, non ?
C’est aussi la seule école en Suisse qui propose un espace de Coworking accessible aux parents de l’écoline ou aussi pendant les stages de vacances !
Tu peux aussi vivre L’écoline à travers des stages, ateliers et formations !
Dès le départ, L’écoline voulait proposer des ateliers vacances qui sont ouverts à toutes et tous. Pendant toutes les vacances scolaires du canton de Vaud, l’école accueille des enfants dans des thématiques autour de l’art (danse, théâtre, argile…) et de la nature. L’école est aussi présente sur le campus de l’EPFL depuis 2016 pour le personnel et les étudiants afin de proposer des stages de vacances.
Les ateliers famille se déroulent quant à eux le samedi matin sur des sujets très variés comme le yoga, la découverte dans la nature, la compréhension des émotions, le zéro déchet… dans leurs locaux ou dans les environs. Accessible dès 2/3 ans.
L’écoline propose aussi des conférences et ateliers autour de la parentalité une fois par mois en soirée sur le sommeil, l’hypersensibilité, les émotions…
L’école est maintenant très sollicitée pour la formation professionnelle des enseignants et éducateurs de la petite enfance avec l’approche Reggio Emiliano.
On sera toujours épaté à La Chouquette par ces chemins de vie qui font qu’on ne croit plus au hasard… Un énorme bravo à Marion pour cette magnifique initiative fièrement Chouquettisée.
Est-ce que finalement nous n’aurions pas tous voulu être dans une école comme L’écoline ? Ou chacun à sa place en tant qu’individu propre sans brimade ni stigmatisation ? Une success story helvétique qui sort du cadre en beauté pour développer le plein potentiel des adultes de demain.
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