La Nébuleuse
En ces temps d’Oktoberfest, il nous est apparu comme une évidence de mettre la bière à l’honneur. Pour célébrer ce délicieux breuvage houblonné sous toutes ses formes, nous sommes allés à la rencontre de deux poids lourds de la brasserie artisanale romande. En octobre, La Nébuleuse et Docteur Gab’s se partagent l’affiche et nous confient leurs secrets en début de chaque quinzaine.
Jeremy Pernet s’est fait le porte-parole de toute l’équipe de La Nébuleuse en acceptant de répondre à nos questions. Il est l’un des trois fondateurs de ce qui fut d’abord une micro-brasserie dans les sous-sols du Flon, avant de devenir une des marques emblématiques de nos soirées maltées, sises à Renens.
Qui se cache derrière La Nébuleuse ?
On ne cherche surtout pas à se cacher ! Nous ne sommes pas une secte secrète, mais une grande famille et c’est très important pour nous de mettre en avant les gens qui travaillent ici. On veut que le consommateur final puisse mettre un visage derrière nos produits. Au tout début, nous étions trois, Arthur, Kouros et moi-même. Maintenant nous sommes onze !
Kouros et moi, on se connaît depuis qu’on a un an. Mon amitié avec Arthur remonte à l’École Nouvelle et à l’université. Au début de l’aventure, on avait tous les trois des jobs, mais on était déjà amateurs de bonnes bières. On rigolait en disant « On fera de la bière une fois ». Arthur a commencé à en faire chez lui, dans sa cuisine, et Kouros et moi nous sommes piqués au jeu. Nous avons commencé par donner des bouteilles à des amis, et la Mise en bière nous a contacté en nous disant que si on souhaitait devenir pro et vendre des bières, ils les achèteraient. Entrepreneurs par nature, on aime le risque, alors on a fait un petit business plan et posé notre dem’.

Pourquoi « La Nébuleuse » et le zeppelin comme logo ?
On a lancé un concours sur la plateforme 99 Design, qui met au concours des designers du monde entier, pour un projet de logo. On a dû expliquer ce qu’on représente, ce qu’on voulait créer comme entreprise, quels thèmes nous tenaient à cœur. On a eu une centaine de propositions de logo, dont un qui avait fait un zeppelin. Nous on cherchait un thème punk, industriel, parce qu’il ne faut pas se leurrer, la bière artisanale, ça reste de l’industriel. Tu vois ici (NDLR: nous sommes dans les locaux de La Nébuleuse à Renens), y a des cuves, des produits chimiques. On voulait casser cette légende urbaine qui veut que la bière se fasse a la campagne dans des cuves ouvertes avec un bâton en bois. C’est pas ça, il faut en avoir conscience.
Le zeppelin évoque aussi la modernité, l’aventure, la découverte, et on a adoré cet emblème. Pour ce qui est de la Nébuleuse, au niveau de l’histoire de la brasserie, à la base on n’a rien à voir avec la bière. On a tous des Bachelor ou Master en droit ou économie. On a commencé en brassant dans une cuisine dans des bacs en plastique. Mais, dès le début, on a eu plein de gens qui nous disaient « Ah je connais untel c’est le gérant d’un bar » ou « Ah je connais ce mec qui vend du houblon ». Il y avait une sorte de nébuleuse de gens qui nous contactaient pour nous donner des conseils ou nous aider à rencontrer du monde. Et on a trouvé ce nom qui collait bien à l’image de la brasserie. Et après, La Nébuleuse, faut imaginer l’objet astronomique. Le centre nerveux, c’est bien sûr la bière, mais tout autour y a le reste qui gravite: on adore le food pairing (NDLR: l’art d’allier mets et breuvages), les arts musicaux, la peinture, le sport, le street art. Tout ça fait partie de La Nébuleuse, même si la bière reste au cœur du projet.
Comment se sont passés les débuts de l’aventure ? Avez-vous eu des anges gardiens ?
Oui, au début c’était vraiment rigolo, on brassait la nuit dans les sous-sols du Flon juste à côté du Mad, parce qu’on bossait la journée. Y avait les gros bruits de la boîte de nuit, les cris des noctambules, la belle époque comme on dit. La Mise en bière et le Grain d’orge nous ont soutenu dès le départ. Ils nous ont contacté via notre page Facebook et nous ont proposé de passer leur faire goûter ce qu’on faisait. Ils ont kiffé et c’était parti. Après on a eu la Datcha qui a mis nos bières à la place de Feldschlösschen, à la fin de leur contrat. Ça fait 3 ans que ça dure. Le Zoo Burger a aussi arrêté de bosser avec Boxer pour ne mettre que de la bière artisanale.
Vous n’aimez pas catégoriser vos bières par couleur de cheveux (blonde, brune, ambrée…). Comment définiriez-vous votre gamme ?
Dans nos « annuelles », on a cinq bières uniquement en bouteille et deux bières uniquement en pression (pour pouvoir proposer des prix attractifs aux bars et pour leur proposer une exclusivité contrairement aux « annuelles » en bouteille, qu’on trouve aussi à Manor ou à la Mise en bière). Nos bières annuelles, on doit pouvoir les apprécier facilement et en boire deux, grâce à un goût homogène et non agressif. Nous proposons aussi les « Éphémères ». C’est 7000 bouteilles, que l’on produit une seule fois; et une fois qu’elle n’est plus là, elle n’est plus là. Ce qui est vraiment chouette avec la bière, comme avec le vin, c’est qu’on peut être créatif et ça, c’est hyper important pour nous. L’avantage de la bière par rapport au vin, c’est que trois à quatre semaines après, on peut la goûter.
Des bières spéciales on pourrait en faire une dizaine par année, pour le moment on en fait quatre, on aimerait monter jusqu’à sept. On bosse par « ingénierie inversée », c’est-à-dire qu’on crée la recette sur papier, et on remonte petit à petit les étapes pour avoir la liste des ingrédients à ajouter, les volumes, etc… Enfin, il y a les « Collab’s ». On a commencé avec la Grenette qui nous a demandé une bière sur mesure. Cette collaboration nous a clairement permis de grandir et de devenir ce qu’on est actuellement. Il y a aussi Inglewood pour qui on on a créé une bière unique, spécialement pour eux, la Grizzly Beer. On a réfléchi à une bière qui pourrait tenir tête aux goûts de différent burgers et c’est une hoppy vienna qui nous a semblé la plus appropriée. Mais pour nous, les « Collab’s » c’est surtout créer des bières en collaboration avec d’autres brasseries. Par exemple, on a fait la Rijkrallpa avec une brasserie péruvienne. Ils ont amené des plantes, des matières premières du Pérou et on a brassé ensemble pendant une semaine. On a fait 7000 bouteilles et tout est parti en 2 mois. On a aussi bossé avec la Brasserie BFM sur une bière qui sort le 16 octobre 2016. Là y a des orties, du foin… Paysannerie 100% !
Pourquoi de la bière en canette ?
Pour nous c’est une évidence depuis le départ parce que la canette, c’est la mobilité ! On essaye de redonner ses lettres de noblesse à la canette, parce que c’est quasi 100% recyclable, plus léger, moins cher à l’achat, et c’est le meilleur conservateur pour la bière. On fait tous beaucoup de sport, de rando, on est quasi tous les week-ends en montagne, et c’est beaucoup plus pratique d’avoir trois quatre canettes dans ton sac à dos que des bouteilles. Et ça se refroidit plus vite au frigo !
Crédits photos: La Nébuleuse et Justine Desbrières
Est-ce difficile de travailler avec des amis ?
Toujours. Mais c’est aussi une force parce qu’on se connait par cœur. On se prend parfois le chou, ça part en engueulade, mais on se dit toujours tout avec honnêteté. Pour nous, La Nébuleuse, c’est une grande famille avant d’être une entreprise. On ne veut pas avoir plus de 15 employés, car on veut connaître tout le monde personnellement.
Des endroits de prédilection où sortir et boire un verre à Lausanne ?
Ce qui est sympa à Lausanne, c’est qu’il y a beaucoup de choses qui continuent à ouvrir. Dans les classiques, y a le Great Escape, l’Étoile blanche, le Saint Pierre, la Brasserie de Montbenon. Mais j’adore tous ces endroits éphémères comme la Galicienne, La Jetée de la Compagnie, la Grenette, où les gens sont plus ouverts, ont envie de se relaxer, de boire un verre et de discuter. Pour un bon Burger, l’Inglewood et le Zoo, évidemment. La Mise en bière, j’adore aller là-bas parce que ce sont de vrais connaisseurs.
Qu’est-ce qui manque à Lausanne selon toi ?
Un bon bar à Cocktail ! Mes références c’est Bottle Brothers à Genève et The Brisket à Zurich.
Merci d’avoir répondu à nos questions, Jeremy. Longue vie à La Nébuleuse et santé !
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